Il y a quelques jours, dans l'État du Rhode Island, les membres d'une commission scolaire ont décidé de renvoyer le directeur, les profs, les administrateurs et tout le personnel d'une école secondaire (93 personnes!) parce qu'ils n'étaient pas contents de la performance des élèves.
«Tout l'monde dehors! On recommence à neuf...»
Cette décision, qui a fait couler beaucoup d'encre, a été défendue par Barack Obama lui-même.
DES BOUCS ÉMISSAIRES FACILES
Dans une chronique savoureuse publiée sur le site du journal Huffington Post, le comédien Bill Maher a dit que ce ne sont pas les profs qu'on aurait dû congédier, mais les parents des enfants.
«C'est trop facile de blâmer les professeurs pour l'échec de nos enfants, écrit-il. Ce sont des boucs émissaires parfaits. Mais si l'on se fie aux études, les profs ne font aucune différence. L'important, c'est l'attitude et l'implication des parents. Tu as beau envoyer ton enfant dans une école privée qui te coûte 20 000$ par année, si tu ne t'impliques pas dans son éducation et s'il n'y a aucun livre chez toi, il va couler, point.»
«Quand il n'y a ni livre ni parents à la maison, qui élève les enfants ? La télévision. Nous laissons la télé transformer nos enfants en idiots finis.»
LE COMPTOIR DES PLAINTES
C'est le réflexe de l'époque. Nos enfants ratent leurs examens?
C'est la faute des profs. Ils engraissent? C'est la faute de MacDo. Ils sont violents? C'est la faute de Nintendo. Ils sont vulgaires? C'est la faute des vidéoclips. Ils sont obsédés par le sexe? C'est la faute d'Internet. Toujours la faute des autres, jamais la nôtre. Nous sommes tous des victimes du système. Dans Lire, c'est la vie, un passionnant recueil de chroniques qu'il vient de publier chez Boréal, Jacques Godbout pourfend cette attitude:
«Les parlements sont devenus des services d'aménagement des droits et des plaintes, écrit-il. Les diverses communautés qui forment la société sont dans une perpétuelle concurrence victimaire: les homosexuels, les handicapés, les églises, les noirs, les réfugiés, les cancéreux, les chômeurs, les syndiqués, les artistes demandent tous à l'État de leur venir en aide.»
«Il s'agit moins de trouver comment vivre ensemble que de tirer profit, chacun pour soi, des richesses accumulées. Le Québec n'est plus une patrie, mais un État protecteur. Une compagnie d'assurances.»
«AIDEZ-NOUS!»
On pourrait ajouter les parents à cette longue liste de victimes.
«Aidez-nous, nous sommes débordés! Ouvrez les garderies plus tôt, fermez-les plus tard, éduquez nos enfants, élevez- les, instruisez-les, aimez-les, montrez-leur les bonnes manières, donnez-leur le goût de lire, attisez leur curiosité, faites-les bouger, rendez-les plus ouverts, altruistes, compatissants, gentils, généreux, car nous, parents, n'avons ni le temps ni l'énergie...»
Certains parents voudraient que leurs enfants soient comme des ordinateurs. Vous les branchez, ils sont hyperfonctionnels et, toutes les deux semaines, ils mettent automatiquement leurs logiciels à jour sans qu'on ait à lever le petit doigt.
Malheureusement, ce n'est pas comme ça que ça marche...
DRÔLE D'HÉRITAGE
En terminant, je vous livre la meilleure citation que j'ai lue sur les erreurs des parents. Elle provient du psychologue américain James Dobson:
«Nous nous efforçons de donner à nos enfants tout ce qui nous a manqué dans notre jeunesse et nous négligeons de leur donner ce dont nous avons bénéficié.»
Richard Martineau, Journal de Montréal, 14 mars 2010.